Proust et Céline
Y mettaient leur perruque dans leur gilet, puis enfin, ils faisaient tout un tas de trucs extravagants de procédure qui la remplissaient d'horreur, parce qu'elle allait au-devant de la vie, n'est-ce pas...Et les gens croient qu'il a dû lire ça... Je ne dis pas que c'est ça qu'il a fait, mais enfin, son très puissant tableau de la vieillesse prenant les gens et les faisant grimacer, ça, c'est un peu similaire...(...) Proust est un grand écrivain, c'est le dernier... C'est le grand écrivain de notre génération, quoi... J.D. - Avec vous... Céline - Ah! Non, non, c'est un tort... Y faisait autrement, lui... J.D. - Bien sûr... Céline - Il avait pas beaucoup de style, d'ailleurs... Il était malade... Il était pas... J.D. - Si différents que puissent être vos styles et vos oeuvres, vous dites quelque part que la vraie défaite, c'est oublier. Céline - Euh... Oui... Oui... Oui... C'est ça, oui... Mais Proust était maniaque, c'est-à-dire que, au fond, il était pas bien dans la vie... C'est l'histoire de tous les gens qui écrivent... C'est qu'y sont pas bien dans la vie... Quand vous jouissez de la vie, pourquoi la transformeriez-vous, hein ?... C'est ça qu'on se demande... Faut déjà être détraqué, hein ! J.D. - On écrit par compensation... Céline - Oh! Oui, uniquement, certainement, oui... On s'en rend pas compte... J.D. - Pour retrouver un équilibre... Céline - Certainement... C'est une maladie... C'est un signe de maladie...(...) Si vous êtes dans la vie...vous êtes avocat... vous êtes médecin... vous êtes... député, ce que vous voudrez... Vous prenez des plaisirs dans la vie... Tandis que, quand vous vous amusez à raconter des histoires, c'est que vous fuyez la vie, n'est-ce pas, que vous la transposez.. |