"Lettres à un Jeune Poête"
de Rilke traite de la vie en général et du processus de travail
à la création en particulier. C'est un livre qu'on ne peut
comprendre, me semble-t-il, si l'on ne se pose pas de questions sur la
création (phénomène inhérent à chaque
être humain, mais je parle de la création intellectuelle en
particulier).
Je vais tenter de me battre avec l'encre pour
tâcher de me faire comprendre (selon Cocteau). Pour cela, je comparerai
volontiers ce livre à une pièce où le visiteur dès
son entrée se sent à l'aise, familier avec l'endroit dès
la première impression.
Il n'y remarque rien d'insolite, sauf le tout.
Ce tout ne s'explique pas (sauf par Rilke) mais se vit: c'est le silence.
Si je tentais d'expliquer le silence, je dirais
que c'est un pouvoir centralisant de divers objets: l'observation et le
travail (les meubles dans ma métaphore), nécessaires pour
accéder à la création. Et c'est cette idée
qui m'a immédiatement séduite à la lecture du livre:
cette idée que toute quête passe par une étape de méditation
et de silence.
Ce livre m'a rappelé un film "Le
Sacrifice" de Tarkovski
où un enfant (naïf) arrose chaque jour un arbre sec à
l'insu de sa famille et du spectateur. L'histoire tournant autour du père
et du sacrifice de sa propre vie, on en vient à oublier cet enfant
si discret. Finalement, à notre insu, cet enfant a fait regénérer
l'arbre. Le silence de l'enfant: voilà où résidait
son secret.
Pour en revenir au livre, on passe un délicieux
moment à sa lecture et il fait partie de ces livres qui peuvent
jalonner notre (humble et héroïque) existence.
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